La fabuleuse histoire de la cuisine Française (suite)


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Dans la salle, le jour vient de la porte ouverte et des fenêtres obstruées de papier huilé : on soupe avant le coucher du soleil pour économiser l’huile des luminaires et lorsqu’en hiver la porte doit-être fermée, la pénombre règne ; la seule source de chaleur et de lumière vient de la grande cheminée au-dessus de laquelle sont suspendus les ustensiles de cuisine : presque semblables à ceux de nos campagnes, il y a peu d’années.

Le Seigneur et sa famille, les invités, les domestiques tous mangent dans le même plat, avec une cuillère que l’on porte à sa bouche et qu’on replonge dans le plat. Parfois on dispose d’écuelles de bois ou d’étain, jamais  plus d’une pour deux personnes ; on la porte à sa bouche tour à tour. Avoir » mangé à l’écuelle de quelqu’un » signifie avoir été son voisin de table.

Des règles de bienséance sont instituées.

Dans  » Le chatoiement des dames », Robert de Blois * »conseille de tenir les ongles courts et nets, de ne pas trop rire, de ne pas trop parler à table, de ne pas s’adjuger les meilleurs morceaux, trop gros ou chauds, de ne pas tremper les aliments dans la salière, de ne pas se curer les dents avec son couteau, de ne pas s’accouder à table, de ne pas se moucher avec bruit, de ne pas se gratter, de laver les fruits avant de les manger, de ne pas se hâter d’avaler du pain avant l’apparition du premier mets, de ne pas parler ou boire la bouche pleine, de ne pas étendre le bras devant un convive pour prendre un morceau dans l’écuelle ».

Robert de Blois explique encore qu’il importe de pallier les inconvénients d’une mauvaise haleine:

« Dame qui a pâle couleur et qui n’a pas bonne odeur, déjeunera dès le matin ; le vin lui colorera la face  ; quant à l’autre inconvénient, l’anis, le cumin, le fenouil, la coriandre, le corrigeront ».

Les mets solides sont pris sur des tranches de pain, dites  » pain tranchoir », elle-mêmes placées sur le tranchoir qui est une plaque de bois ou de métal. Ce pain tranchoir sert d’assiette, et bien imbibé du jus des viandes, on en mange dans les maisons modestes. Chez les seigneurs riches, on le dépose dans le plat à aumônes pour être distribué aux pauvres.

Chcun apporte son couteau. Il n’y a ni serviettes, ni fourchettes, ni verres. Le baron boit dans un gobelet d’étain, de bois, quelque fois d’argent ainsi que les hôtes qu’il tient à honorer. Les autres convives boivent au pot.

C’est dans cette société déjà hiérarchisée que naît la chevalerie. L’église favorise son essor afin de combattre le goût des seigneurs pour la guerre : en effet, ces derniers pratiquent la chasse avec une passion dévastatrice, en sorte que le manant voit ses champs tantôt mis à sac par le gibier auquel il n’a pas le droit de toucher, tantôt ravagé par le seigneur suivi de sa cour qui poursuit cerfs et sangliers à travers les cultures au mépris de son propre intérêt, car ces champs lui appartiennent ; de surcroit, ils trouvent le moyen de combattre leur ennui en guerroyant sans cesse de voisin à voisin, allumant des haines entre familles et apportant le ruine chez eux et autour d’eux.

*Blois (Robert de), poète du Moyen âge. Pendant longtemps on a ignoré l’époque exacte à laquelle cet auteur vivait. Un manuscrit de la bibliothèque de l’Arsenal, étudié à au XIXe siècle par Paul Meyer, nous apprend que Robert de Blois a dédié son oeuvre à Hue Tyrel de Poix et à son fils Guillaume. Comme nous savons d’autre part que Guillaume, seigneur de Poix, en Picardie, succéda à son père en 1260, nous sommes sûrs aujourd’hui que Robert de Blois florissait au milieu du XIIIe siècle.

( à suivre…)

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