Recettes et menus célèbres


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La fabuleuse histoire de la cuisine française (suite)

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Le Café d’Orsay date de 1814, au coin du quai et de la rue du Bac ; il est le rendez-vous des officiers de la Garde Impériale, puis des gardes du corps royaux. Plus tard, il devient celui des gens de lettres et des artistes. Madame Bouley, caissière du d’Orsay depuis 1848, est une beauté. Barbey d’Aurevilly lui fait une cour débridée affolant la clientèle bourgeoise par les éclats de sa voix mordante. Il conte comment les officiers de Cavaignac entraient à cheval dans le café et faisaient cabrer leurs cavales autour de la caisse de Madame Bouley pour lui prouver l’ardeur endiablée de leurs centaures.

Musset a là ses habitudes et s’écroule souvent, saoul d’absinthe.

C’est de sa fenêtre, la plus proche de la rue du Bac que Georges Sand harangue la foule le 15 mai 1848 et c’est dans le cabinet où s’ouvre cette fenêtre que Madame Santerre manque d’être surprise par son mari en compagnie du Prince d’Orange un soir de 1878. Mais, déguisé en marmiton, la manne sur la tête, elle s’enfuit par l’escalier de service… (1).

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Avenue de l’opéra se trouve Bignon, tenu par le plus jeune des deux frères. Il possède la clientèle la plus distinguée parmi les artistes et les écrivains ; un tableau de Bruet en témoigne qui représente Dumas fils, Goncourt, Aurélien Scholl et d’autres.

Un jour Aurélien Scholl a la fantaisie de commander un hareng saur ; Bignon le lui compte 3 francs et précise :

 » Croyez bien que je n’agis ainsi que dans votre intérêt : Pourquoi venez-vous chez moi, vous et ces messieurs ? Pour être tranquilles, pour rester entre vous. Eh bien, je n’ai qu’un moyen de conserver à la maison ce caractère d’intimité, c’est d’établir entre vous et le vulgaire une barrière qu’il ne peut franchir « .

En fait, les fidèles de Bignon se régalent de son cynisme et rient de l’anecdote suivante : un provincial égaré chez Bignon mange un melon qu’on lui compte 40 francs, aux cris de la victime Bignon accourt et lui dit avec la plus sereine douceur :  » On ne vous l’a compté que quarante francs pour que vous reveniez une autre fois… « .

(1) Cette anecdote fut par erreur située au Café Anglais et attribuée au Prince de Galles (futur Edouard VII).

Plus tard, M.Pouillet succède aux Bignon et après lui M. Nibeau qui innove en servant non seulement à dîner, mais à déjeuner.

Source : La fabuleuse histoire de la cuisine française d’Henriette Parienté et Geneviève de Ternant. Editions O.D.I.L.

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