Saumon sauce graveleuse et branlade de morue


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La lecture des cartes offre parfois de grands moments de bonheur.

Un très chic restaurant du Cap (Afrique du Sud) avait pour plat du jour de la « queue de veuf braisée ». Un autre à New-York, proposait de la « planquette de veau » et du « sorbet à la manque ».

A Bruxelles, où je me trouvais à la table de Pierre Cardin qui ouvrait un nouveau Maxim’s et découvrait la carte en même temps que moi, nous avons eu la primeur des » grosses queues du chef à la crème d’oursins » et de la « tarte des demoiselles Tatin à l’endroit, à l’envers ».
« Dites au chef de venir immédiatement » lança Cardin. L’autre déboula aussitôt. « C’est ce que vous appelez de l’humour belge, je suppose? » interrogea Cardin, d’une voix glaciale. Vexé, le chef donna le lendemain sa démission. Dommage, pour une fois qu’on avait l’occasion de s’amuser dans un restaurant de ce grand couturier…

L’autre jour, sans m’en dire plus, un ami académicien m’a conseillé de visiter sans tarder un petit restaurant qui venait d’ouvrir, derrière le quai Conti: « Tu ne le regretteras pas ». J’y cours, demande la carte et voici ce que je trouve et note à la hâte sur le calepin qui ne me quitte jamais :

Entrées : « Oeuf maillot », « chiffonnière de poirots »,  » Tête de veau raviegotte »,  » Crème d’artichauts au piment d’Espoulette », « Foie gras de torchon ».

Poissons : « Saint Jack sauce verge », « Matelot d’aiguille », « Filet de cendre aus grains de cézanne », « Saumon sauce graveleuse », « Thon à l’ancre de sèche », « Branlade de morue ».

Viandes : « Léchine de cochon aux lentilles du Puits », « Grenadine d’agneau aux taupinamboures »,  » Jésus de Marteau à l’embourée de chou », « Cretinette de veau gratiné à la fourmi d’Amber ».

Fromages :  » Chatbichou ».

Desserts : « Crème breulée au baniouls »,  » Crumbleu aux pommes », « Paris-Bresse », « Crépes Sucette ».

A la fin du repas, le chef tout sourire dans son tour de salle, s’arrête à ma table :

« Vous êtes satisfait?
– C’était très bon… Vous avez une carte très intéressante. C’est vous qui l’avez faite?
– Ah, vous savez, répond-il, l’écriture, c’est pas mon fort. Non c’est le patron. Pensez donc, il a fait trois ans à Nanterre ».

Au moment de partir, je renouvelle mes sincères félicitations à ce brave homme :  » Je sens que vous allez faire un tabac ».


millau-w Extrait du livre de Christian Millau « Le Guide des Restaurants Fantômes ou Les Ridicules de la Société Française » chez Plon

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