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Suite de la fabuleuse histoire de la cuisine française..
Un homme va régner sans conteste sur cette époque : c’est Curnonsky, le Prince des Gastronomes.
Le 28 octobre 1862, naît à Angers, Maurice Sailland. Sa mère en meurt, son père abandonne l’enfant et c’est sa grand-mère qui l’élève. A 187 ans, Maurice Sailland vient à Paris pour préparer Normale Supérieure, mais le journalisme l’attire et l’alliance franco-russes lui donne l’idée du pseudonyme sous lequel il adresse une lettre ouverte à Emile Zola, au « Journal ».
Zola vient d’être repoussé pour la deuxième fois , par l’Académie Française. La lettre est publiée. Currnonsky est né. En 1914, ce pseudonyme lui vaut d’être arrêté et incarcéré pour quelques jours, comme « espion russe ». Passionné de gastronomie et fort expert en la matière, puisque ses 1.85 m et ses 120 kilos ne reculent pas devant deux invitations à dîner le même soir, il publie une série de brochures sur la cuisine régionale et les meilleures tables de France. Tous les gourmets connaissent son nom. Lorsqu’en 1927, 5 000 gastronomes, cuisiniers et restaurateurs célèbres sont invités, par « Paris-Soir » à élire un Prince, ils choisissent Curnonsky. Dès lors, il n’est point de réception où il invité et il remplit ses fonctions avec une merveilleuse bonne grâce.
Mais chez lui, la vie est fort simple ; il n’a même pas une salle à manger pour y recevoir ses amis ! il déteste le téléphone,mais il lit énormément et sa mémoire est fabuleuse. En 1928, il crée l’Académie des Gastronomes. Tous ses membres dont Edouard de Pomiane, Maeterlinck, Paul Reboux, le Marquis de Polignac,, Justin Godart, sont des gastronomes avertis et « purs ». Aucun jamais ne prostitue l’art du Bien Manger. Curnonsky lui-même refuse en permanence d’associer son nom à la moindre publicité. Jamais il n’use de son titre pour une marque ou un produit et ses ressources proviennent uniquement de son activité littéraire.
Il a ainsi repoussé des fortunes qui lui furent offertes. En 1939, il quitte Paris pour la Bretagne où il s’installe dans une auberge tenue par sa vieille amie Mélanie Ruat, à Riec sur Belon ; c’est une fine cuisinière que Curnonsky a découverte lors de vacances. Il a dit et écrit le bien qu’il pense de sa cuisine ; la modeste auberge devient un haut-lieu de la bonne chère. Comme les ressources de « Cur » sont limitées, il demande une demi-pension ; mais la reconnaissance n’est pas un vain mot : Mélanie Ruat répond avec esprit : « Prince, quand on a aidé à bâtir une maison on a bien droit à une ardoise! ».
« Cur » demeurera chez Mélanie jusqu’à la fin de la guerre . Il y rédige une partie de ses souvenirs. Après la guerre, il regagne son appartement du square Lamartine au troisième étage et reprend ses activités de journaliste. Le 22 juillet 1956, il tombe par la fenêtre de son appartement. et meurt, désarticulé sur le trottoir. Il allait avoir 84 ans.
Café-restaurant des Frères provençaux, près de Palais-Royal. Paris. Bibliothèque nationale. Photo N-D. Roger Violet.
A suivre..
Source : La Fabuleuse Histoire de la Cuisine Française d’Henriette Parienté et Geneviève de Ternant. O.D.I.L.